Maria Ezcurra
Exposition Fils, tendances et dangers
Maison de la culture de Nôtre Dame de Grâce
Du 25 avril au 16 juin
Vingt femmes
Le textile, matière de nos vêtements, deuxième peau qui nous couvre, nous habille, nous protège, nous cache ou nous expose, « négatif du corps » au dire de Maria Ezcurra s’avère le matériel d’expérimentation par excellence dans la démarche créative de l’artiste.
Pour cette exposition, « Fils, tendances et dangers », vingt femmes, Anne, Carmen, Claudia, Daniela, Denise, Desirée, Flavia, Gen, Gina, Jessica, Lee, M.B., Maria, Nati, Norma, Paula, Rosa, Sara, Tina et Zacy ont été appelées par Maria Ezcurra à intervenir ou transformer des robes de mariage ainsi qu’à les porter afin de produire de nouveaux portraits de mariage. La proposition offre au collectif de femmes la possibilité d’approfondir leur recherche d’identité en exprimant leurs expériences comme épouses, comme mères et comme femmes d’aujourd’hui en révélant les stéréotypes imposés par les médias.
L’ensemble de l’exposition offre au visiteur une disposition d’ensemble unifiée et ordonnée à travers un parcours invitant et accueillant. Les portraits de grand format sont imprimés sur des rectangles de voile ourlée, enfilées dans un fil d’acier comme des étendards qui se suivraient à distance égale. Éclairés du haut, les rectangles de tissu bougent légèrement quand on passe dans la salle et projettent de l’ombre au bas des photographies sur les murs blancs. Une évocation subtile de corde à linge invite à s’arrêter à chaque station pour une observation plus minutieuse.
Devant chaque photographie nous sommes à la fois surpris et émus par l’originalité, le courage, l’ironie et la sensibilité ; la gaité ou le drame exprimé par chacune de participantes à travers la diversité des idées proposées, et par la force qui s’en dégage. Il s’agit de mariées hors norme, portant des robes peu conventionnelles. Ces robes réinventées sont parfois griffonnées, déchirées, épinglées, tachées, trouées, enveloppées ou transformées en habitat ou en igloo ; en nuages ou nébuleuses. D’autres renferment des objets, des enfants ou des maris. Elles montrent toutes la force expressive de l’aventure collective menée par Maria Escurra dans cette exposition.
Les images ont été prises à l’intérieur d’une église dont une seule a été réalisée à l’extérieur. L’église prête un cadre statique, grandiloquent et sévère qui rivalise dans certaines compositions avec le sujet, mais qui à la fois demeure très approprié pour le thème.
Les photographies de Jaqueline Fortson et Enrique Uranga ont su rendre les intentions imaginées par Maria Ezcurra en combinant les codes de la photographie de mariage avec la capture sensible des situations offertes par les participantes. Ces codes de photographie de mariage (reportage, pose, composition et portrait), souvent vus et dénigrés comme étant un exercice « non artistique » et stéréotypé, sont à la fois l’outil et le message et ont pour effet de donner un sens nouveau à l’ouvre.
Le travail en collectif, devenu la signature de Maria Ezcurra, est une expérience qu’elle a réalisée dans plusieurs pays par des expositions et des performances. Il dévoile clairement les préoccupations sociales et militantes de l’artiste qui cherche à encourager la prise de conscience, la libération par le travail créateur et la véritable place des femmes dans une société ou des changements s’imposent.
Vingt portraits inquiétants et perturbants de mariées, parfois seules, parfois accompagnés de maris et d’enfants, où le spectateur ressent la tension entre le stéréotype, la place imposée et l’épanouissement que donne le travail de libre expression à travers la création collective.