Le fils de madame Locarno a écrit un roman.
Mon dieux dite-elle, à tous ceux qui l’interpellent
Cette vie fructueuse à Sas Fé, là, où les montagnes
Hérissent le dos un contre l’autre
Une énorme famille qui somnole
Depuis longtemps.
Ce livre
Bat les records, bouscule,
Ce village pas loin d’où
Hannibal a su prendre le chemin
Du col, brilliant exploit
Avec ses elephants trompetant la
Victoire.
Hannibal, superb général
Inspire la loyauté des gaullois
Et les tribus affligé par la
Puissance de Rome, un meneur
Charitable et juste.
Ce récit, l’offrande du jeune Locarno
Offre-t-il l’invasion de mots féconde,
L’exemple à suivre dans un monde
Pris en otage par un méfiance profonde?
Mais non, ça traite de drogue
Sexe, média, la mafia, une allusion
Au Pape sécurisé par les Cents Suisses
Et par le bord, toutes sortes de crapules,
De gonsesses, de pirates modernes
Rendu propres avec leur lavage d’argent,
Son oeuvre, une gloire qui tremble
(mais chic alors pour les redevances!)
Pas de 13ième chapitre où tout s’explique
De remors obscures, les abcès d’une garniture
Littéraire, un regard au moins vigilant
Ce qui pourait rendre intéressant, les yeux
Croches, un language moche, de gens
Qui fabriquent un pétrin orgueilleux.
C’est une bonne poire
Oui, cette mère, sa lecture à faire, plus
Excitant, son revu de Paris Match et les
Les manchettes qui sonnent l’alarme,
Un glas d’église morne, cette maman
Veuve depuis vingt ans se borne à répandre
La gazette du village.
S’avance avec son chariot de commission
Roues qui grinçent dans la rue, où les moineaux
Chippent des miettes sur des terraces ouvertes,
Sa canne qui bat le rythme d’un aveugle
Pourtant, Madame Locarno se porte très bien.