RENCONTRE AVEC CLAIRE SIMON
Dans le cadre du Festival du Nouveau Cinéma 2013, en présence d’un public vivement intéressé a eu lieu hier la rencontre avec la réalisatrice française Claire Simon qui se trouve à Montréal pour la présentation de son film « Gare du Nord »
Les deux heures d’entretien mené par la critique de cinéma Helen Faradji ont permis d’aborder plusieurs aspects de la démarche d’une cinéaste engagée avec la réalité, chef de file de la nouvelle école documentaire dans le cinéma français et exploratrice de nouvelles formes d’expression du réel combinant documentaire et fiction.
L’invité a décrit son projet « Gare du Nord 2009/13 qui comprend un long métrage documentaire « Géographie Humaine », un long métrage de fiction « Gare du Nord », film présenté pendant le Festival, une pièce de théâtre « Gare du Nord/les voix et un objet web « gardunord.net »
La réalisatrice a passé plusieurs mois à la gare du Nord à fin de prendre le pouls de ce lieu qu’elle voie comme une de places du village global Elle raconte avoir approché la gare de différentes manières et plus qu’elle est resté plus la gare lui a paru plus complexe, plus accueillante et plus facile. Elle n’a jamais eu peur dans cet endroit ou pourtant beaucoup de monde se sent en danger. C’est très fort, dit- elle, Il y a là tout le monde, des étrangers, des français, des enfants, des vieux, de gens qui partent pour travailler qui reviennent de loin. Des gens d’ailleurs et les enfants portés pour l’avenir, pour le désir d’une nouvelle vie, aussi des français qui semblent avoir du mal à regarder en avant.
« La gare du Nord c’est l’avenir, quelque chose d’extrêmement américaine, c’est la porte d’un avenir pour beaucoup de monde, même ce qui partent pour l’Angleterre ou ailleurs. On sent beaucoup d’énergie, de désir de faire une vie plus heureuse. »
« Dans le gares il y a beaucoup de roman. Du fait que d’un coup c’est éphémère ce moment ou on se trouve sur les panneaux des grandes lignes et tout à coup on se demande qu’est-ce qu’on a fait de sa vie pendant dix ans… »
« Le pari c’était de dire d’habitude on prend un décor et on se dit je vais raconter une histoire dans ce décors et moi je prend le décor il y aura bien des histoires dedans que je vais pouvoir raconter »
La réalisatrice a parlé des techniques de recherche utilizes, des heures passeés avec ses assistants portant des petites enregistreuses cachées dans les vêtements a fin de trouver les histoires- themes du film. C’est d’après ses enregistrements que le scenario a été construit.
Pour le tournage du film, il y a eu deux moments. Un premier tournage documentaire de la gare en soi, dans des moments de grand activité, dans de moments plus tranquiles, de prises de tout points de camera possible. Tournage que Claire Simon décrit comme un de moments priviligiés du film permettant une grande liberté creative ainsi que le réperage de situations et des personnages reels. La deuxième partie du tournage introduit les acteurs et l’histoire inventée. fiction prevue par le scenario. C’est au moment du montage ou les deux différénts procedés vont s’imbriquer, et se souder pour donner au film son sens de verité profonde et toute sa crédibilité.
Biographie de Claire Simon
Née à Londres a passé son enfance dans le Var Elle apprend le cinéma par le montage faisant des courts métrages de manière totalement indépendente, « La police » 1988, « Scènes de ménage » en 1991. Elle découvre la pratique du cinéma direct aux Ateliers Varan et réalise plusieurs films documentaires : « Les Patients », « Récréations », et « Coûte que coûte. » En 1997, elle présente à la Quinzaine des réalisateurs son premier long métrage de fiction « Sinon oui », histoire d’une femme qui simule une grossesse et vole un enfant. Elle réalise pour Arte un film avec les élèves du TNS au parlement européen, « Ça c’est vraiment toi », mi fiction mi documentaire qui recevra au festival de Belfort les grands prix du documentaire et de la fiction. Après une expérience théâtrale, elle renoue avec le documentaire en tournant « 800 km de différence/romance » et « Mimi » (festival de Berlin 2003) tous deux sortis en salle. Son deuxième long métrage de fiction : « Ça brûle » est présenté à la Quinzaine des réalisateurs en 2006. En 2008 elle réalise “Le bureaux de Dieu”. Entre 2008 et 2013 elle travaille à son projet “Gare du Nord”.
Résumé du film
Il se passent énormement de choses dans ce film, de petits et grandes histoires de circonstance vécues par une pleiad de personnages les uns plus fascinant que les autres, mais il y a aussi Ismael (Reda Kateb) qui passe sa vie à la gare du Nord où il rencontre une professeure appelée Mathilde, interprétée par Nicole Garcia. atteinte d’une maladie grave. Peu à peu ils finissent par tomber amoureux. Ils croisent Sacha( François Damiens) et Joan (Monia Chokri). Sacha est à la recherche de sa fille disparue, Joan passe sa vie dans cette gare entre Lille, Londres et Paris.
Apprétiation du film
“La Gare du Nord” est un excellent film qui offre au spectateur une expérience visuelle et auditive chargée de contenu humaine traitant les problématiques les plus diverses de la vie de gens.
Le son dans ce film fait beaucoup plus qu’accompagner, il crée le film au même niveau que l’image. Une bande sonore d’une qualité exceptionnelle ou les bruits ou les silences, les dialogues, souvant pris sur le champs et les dialogues des personnages de fiction s’intègrent à la perfection avec une musique qui crée en grand partie le rythme de l’oeuvre .
Le film est exigent vis à vis de l’œil qui doit être continuellement en activité pour ne pas perdre les situations que simultanément se passent dans la foule ou dans les grands espaces de la gare, suivant cadrés en plan général, d’après grues se baladant en panoramique ou en travelling ou s’arrêtant sur de plans fixes ouverts et grandiloquents pendant les 119 minutes qui dure le film.
Claire Simon a appris le cinéma en autodidacte en faisant du montage et on peut très bien apprécier dans « Gare du Nord » ce fait biographique : le montage impose un rythme qui nous entraine, nous arrête, ou nous paralyse menés en main de maitre par une réalisatrice qui nous signale ce qui est important de « voir ». Aussi le montage des parties documentaires et des séquences de fiction s’intègrent d’une manière fluide grâce au montage.
On salue ce film qui nous montre que le cinéma continue d’être un art toujours vivant capable de se réinventer entre les mains de cinéastes engagés avec leur métier et avec leur temps.
****
FILM PHARE SUR L’ENFANCE, RÉDECOUVERT ET RESTAURÉ
Le petit fugitif
Ray Ashley/Morris Engel/Ruth Orkin
François Truffaut a dit de ce film «Notre nouvelle vague n’aurait jamais eu lieu si le jeune américain Morris Engel ne nous avait pas montré la voie (…) avec son beau film Le petit fugitif »
Nous avons assisté à la projection du film « Little fugitif » de 1953 présenté par son restaurateur. Dans la salle de nombreux enfants accompagnés de ses parents ont pu apprécier ce grand classique toujours pertinent, une œuvre poétique phare sur l’enfance, qui à l’époque, a été d’une grande influence sur la Nouvelle Vague française.
Joe Norton a sept ans. Il vit avec sa mère et son frère ainé à Brooklyn. La mère doit quitter la maison pendant deux jours pour s’occuper de sa mère malade. Les amis de son frère, plus âgés, lui jouent un tour en lui faisant croire qu’il a tué son frère. Le petit a peur que la police arrive, il se sauve alors en direction du parc d’attractions de Coney Island. Joe erre dans l’immense parc. Il a prix l’argent que sa mère a laissé pour faire les courses. On le verra dans le carrousel, à faire du poney, à bord de la grande roue… Un enfant de son âge lui apprend à ramasser de bouteilles vides et les changer pour de l’argent. C’est une errance étonnante, avec son lot de rencontres improbables, d’enchantement et de désillusions. Le frère ainé sort à sa recherche pour le ramener chez eux avant que la mère ne s’aperçoive de sa disparition.
François Truffaut a dit de ce film «Notre nouvelle vague n’aurait jamais eu lieu si le jeune américain Morris Engel ne nous avait pas montré la voie (…) avec son beau film Le petit fugitif ».
Un film à voir pour le plaisir et pour découvrir l’étendue de son importace
****
BRÉSIL NOVO
Cette année le Festival du Nouveau Cinéma nous offre une programmation éclatée, affichant des longs et des courts métrages du cinéma émergeant qui promet des moments de cinéma forte intéressants.
Parmi d’autres cinématographies autour du globe, la section Panorama international présente un coup de projecteur sur le renouveau du cinéma brésilien BRÉSIL NOVO à travers 10 court métrages et 6 longs métrages.
On a accepté avec enthousiasme la proposition et nous avons vu :
« Courts métrages brésiliens » Programme 1
Un programme de 5 courts métrages qui nous déploie la vaste géographie du territoire brésilien par de films puissants et poétiques tantôt surréalistes tantôt d’un réalisme cru.
Deux courts métrages du programme, « Eva Maria » premier film de Rafael Tedeschini et « Tremor » de Ricardo Alves Jr présentent des visions irréelles où le traitement cinématographique utilise des long plans qui dévoilent lentement les lieux et l’action laissant au spectateur le temps de la réflexion.
Mauro em Caiena de Leonardo Mouramateus est un film poétique non dépourvu d’humour et nostalgie qui aborde les rapports de générations.
Très intéressant s’avère le traitement du cinéaste André Novais dans son film. « Pouco mais d’um mes » qui décrit sa propre relation amoureuse par une série de plans fixes qui nous permettent de apercevoir des petits détails et de ressentir la tension dans les gestes les plus banals du couple.
« Muro »du réalisateur Tiao. s’avère une création cinématographique d’envergure, puissante, irréelle, surréaliste qui traite le drame de la brutalité contre la femme qui signifie la lapidation. Le réalisateur cherche à exprimer par un processus de construction-déconstruction les racines profondes du mal. Il traite de l’âme et du vide comme d’un « desert en expansion ». Tiao. jeune cinéaste de vingt-cinq ans (Quinzaine de réalisateurs 2011) se place par ce film comme un de plus prometteurs de la relève du cinéma brésilien.
****
Le 24 septembre 2013 se déroula à l’Agora Hydro Québec du Coeur des sciences de l’UQÀM la conférence de presse qui a donné le coup d’envoi au 42 Festival du nouveau cinéma. Par une splendide journée d’automne, dans une atmosphère amicale et enthousiaste, un grand nombre de professionnels du métier du cinéma, d’organisateurs, de membres du jury, de critiques et de journalistes ont répondu à la convocation pour s’informer de la programmation de cette nouvelle édition du festival qui aura lieu entre le 9 el le 20 octobre.
Le festival s’ouvrira cette année avec le film Triptyque de Robert Lepage et Pedro Pires (Québec). Les réalisateurs ainsi que les acteurs principaux seront présents pour présenter le film lors de cette soirée.
Le samedi 19 octobre c’est Brontis Jodorowsky qui assistera à la projection pour la première nord-américaine du film La Danse de la réalité (la Danza de la realidad) (France-Chili) réalisé par son père Alejandro Jodorowsky, dans lequel il tient le rôle principal.
La Compétition internationale : Louve d’Or offre un aperçu d’œuvres personnelles et visionnaires. Cette année 16 films seront en compétition pour la Louve d’Or. Les pays représentés sont : le Québec, la Belgique, la Géorgie (avec deux films), les États-Unis, les Pays-Bas/Maroc, la Suisse/France, la Pologne, la France, la Grèce, le Mexique le Venezuela, le Singapour l’Italie, l’Autriche, le Québec/France.
273 films (146 longs métrages et 124 courts métrages) en provenance de 47 pays se déploieront dans les 9 lieux du Festival ; Excentris, Cinéma Impérial, Cineplex Quartier Latin, Cinéma Parc, Pavillon Judith Jasmin annexe (Cinéma 1), Centre PHI, le Parterre de la Promenade des artistes du Quartier des spectacles, ainsi qu’au Quartier général, situé à l’Agora Hydro Québec du Cœur des sciences de l’UQAM.
Une vraie fête du cinéma qui promette de nous faire connaître le meilleur de la dernière production cinématographique de plusieurs pays.
Claude Chamberlan a rendu hommage à bon nombre de personnages du monde du cinéma disparus cette année, entre autre deux immenses cinéastes québécois, Arthur Lamothe et
Michel Brault.
Informations : http://www.nouveaucinema.ca.
Info-festival : 1 866 844-2172 ou 514 844 2172